Un peu d'histoire Imprimer

ARSEG  Association des Ressortissants de Ségré-Gatta

HISTORIQUE
" Que ceux qui désirent trouver ici la réponse à toutes les questions sur l'histoire du village, veuillent nous excuser, car nous tenterons de faire et le plus simplement possible, l'ébauche de l'histoire de notre village que tout le monde est appelé à continuer pour la parfaire un jour.
Ainsi, pour l'instant, et comme aucune autre étude n'a été réalisée sur ce plan, il nous semble intéressant d'essayer d'expliquer la création du village, les raisons de la création du village, le peuplement du village et l'origine du nom de Ségré-Gatta."

A - CREATION DU VILLAGE

Le village de Keur Abdou, du nom du fondateur Abdou Nini Ndiaye, fut créé en 1925. Abdou Nini a vécu d'abord à Kassas (5), au milieu de sa famille paternelle, avec son père Demba Ndiaye fondateur de ce village.
Parmi les raisons qui ont poussé Abdou Nini à créer son proprevillage , nous évoquerons quelques unes :
- Abdou est issu d'une grande famille ; ses frères dont ceux de même mère, Massamba Nini et Babou Nini, ses neveux (car ses sœurs avaient déjà de grands garçons notamment Gatta et Momath) constituaient une main-d'œuvre importante et un poids réel pour déclencher ch
ez lui le sentiment de conquérant,
- La cohabitation entre fils thiédo (6) qu'il était et les fils de marabouts du quartier Seckène (7), n'étaient pas des plus détendues,
- La volonté de se rapprocher du chemin de fer, le long duquel s'effectuait l'essentiel du commerce : Birkelane étant la gare la moins éloignée,
- La recherche de bonne terre,
Les lieux n'étaient qu'une forêt touffue, excepté les eaux sauvages il y avait un seul puits appelé Doutta situé à Keur Mala (8) et qui avait été abandonné par les peulhs.

 
B - PEUPLEMENT DU VILLAGE

 
Les premiers conquérants furent Abdou Nini et ses deux frères,: Massamba Nini et Babou Nini ; Seydi Diama Mbengue ; son griot Kab Mboup , père de Kéba, Ibou et Babou Mboup ; Gaye Toute , père de macaïré et Maïré , père de Momath Coumba et Diama Gaye ; Yang Ndaté, père de Gaye Fana (Kassas).
Ils trouvèrent déjà implantés sur les lieux et à proximité de la route de keur Birane (9), la famille Aly Diassé.
En 1926, le village allait connaître sa plus grande expansion. En effet c'est pendant cette année, après le décès de Mala Cippo (10) à Pacathiare que son neveu Mbata Sall (père de Alioune Sall) qui l'avait rejoint à Pacathiare après le décès de son père Ndongo Yacine Sall, vint grossir les rangs après un bref séjour en Gambie précisément à Diaring (Keur Ibra Mbodj). D'ailleurs une partie de la famille Sall est restée à Coulègna (Gambie). Quelques mois après, les fils de Mala : Gatta et Momath après un bref séjour à Djigui (11) rejoignirent leur oncle Abdou Nini. Par la suite les familles de Alsatang Ndao, père de Momath Ndao et oncle de Sadimbe Cissé (père de Ali Cissé), de Modou Sèye Diop (père de Momath Diop), de Mody Loum s 'adjoignirent à eux. Après cette vague d'autres familles s'associèrent aux premières quelques années plus tard.
C'est ainsi que Babou qui s'était installé avec sa mère Coumba Mboltogne Ndiaye à Ndiayène Kassas (12) rejoignit ses frères.
Ibou Cissé Goux, chauffeur de profession s'installe avec sa famille à l'issue d'une collaboration franche et sincère avec son patron El hadji Momath.
Après ces familles fondatrices du village, il y eut par la suite l'arrivée des familles : Kodé Maaré Ndiaye, Thiongane etc…
Un fait important mérite d'être signalé ; c 'est le dépeuplement de Kassas avec ce flux de nouveaux habitant pour Keur Abdou. Cette situation s'empirait avec le temps. Au cours d'un voyage à Nioro-du-Rip, en passant par Kassas, Abdou Nini constata que son ancienne cour familiale était transformée en champs par les Seck du quartier Seckène.
Un sentiment d'abandon du legs paternel l'envahit et Abdou Nini souffrira de cela jusqu'à la mort de sa mère à Keur Abdou lorsqu'il décida de retourner à Kassas. Sauver le legs paternel en péril, d'autant plus que Keur Abdou est parti d'un bon pied avec le commerce de Momath et le nombre important de carrés installés, telle est la raison de son retour. Il fut suivi par Babou Nini, Macaïré Gaye et Yang Ndaté. Massamba décida de rester auprès de la tombe de sa mère. Il était déjà éprouvé par la guerre 1914-1918 et avait perdu son fils aîné Issa* qui aurait pu lui servir de soutien dans la gestion d'un village.
Ainsi Massamba Nini l'héritier désigné, légua le titre de chef de village, le domicile et les champs du fondateur à Gatta Ndiaye (Elhadji Matar) qui succéda à son oncle.
Massamba et Gatta devenus propriétaires terriens ont par la suite permis l'installation de nouveaux venus en cédant à leur tour des parcelles. Suivant leur exemple, El Momath dont le commerce florissait, demanda l'apport physique des populations et offrit du matériel pour la construction du premier puits. Il usa de son influence extérieure pour obtenir la réalisation d'autres infrastructures (13).

C - ORIGINE DE SEGRE GATTA
Abdou le fondateur de Keur Abdou, pour la raison évoquée ci-dessus, est retourné à Kassas. Gatta (El Matar) son neveu est devenu le Chef du village, Keur Abdou se développa et demanda un point de traite. Déjà non loin de là à environ 5 km, un village dénommé Ségré possédait un point de collecte des arachides (Séko ou Secco)
Lorsque la demande fut accordée l'administration baptisa le nouveau point Ségré Gatta (de Gatta = prénom thiédo du Chef dudit village). Depuis on dit Ségré Secco pour désigner l'ancien Ségré et Ségré Gatta pour désigner Keur Abdou.
Les vieilles personnes racontent que le nom Ségré vient du mot peulh Sékéré (Seekéerée), fruit que donnent de grands arbres africains appelés dans la même langue Thiekêdié (Céekéejée), poussant dans les endroits humides. Ces derniers , nommés Ngang en Wolof, ayant pour nom scientifique Ficus Guafalocar fa, de la famille des moracées dont l'espèce est en voie de disparition, ressemblent aux figuiers.
Notons que dans la langue peulh il y a variation dans la prononciation selon le genre : on dit Céekéèyi au singulier, Céekéejee au pluriel quand il s'agit de l'arbre. Pour le fruit, on dit Seékéerée au singulier et Céekéejee au pluriel.
Ces arbres surplombaient le puits (ou le marigot) où tous les troupeaux des éleveurs de la contrée venaient s'abreuver. A l'époque les points d'eau se comptaient pendant la saison sèche.
Il semble donc que ce fut la déformation du mot Séekéerée par l'administrateur français ou par les wolofs, pour désigner ce village, important point de rencontre qui donna le nom Ségré à la première agglomération."

 


Ousmane NDIAYE
Professeur de Sciences Naturelles